• Les Verts européens !

    Que je te rassure cher Mélomaniac, je ne suis pas en campagne pour les futures européennes et si il y a du vert partout, ça n'a rien à voir avec l'écologie.
    Mais je me tape un gros coup de nostalgie - le présent me fait de moins en moins rêver - et je veux partager avec toi une petite tranche de vie.

    Mercredi 12 mai 1976, dans un lycée de la Nièvre.

    Au réfectoire, les internes sont électriques : c'est le Grand Soir.
    De table en table, c'est une vague verte car tout le monde s'est mis sur son 31 : maillots (je porte celui d'Osvaldo Piazza), écharpes, fanions, drapeaux... on est parés ! Même le premier cycle qui a eu une autorisation exceptionnelle du proviseur est équipé !
    Nous, les grands, on fait déjà le match autour de notre bouteille de rouge étoilé (à l'époque, c'était autorisé) et la seule chose sur laquelle nous tombons d'accord, c'est la victoire de l'AS Saint Étienne dans le temps réglementaire.

     

    ASSE - Glasgow 1976!

     

    Les Verts : une victoire affective

    La salle de télé est bondée mais dans nos têtes, nous sommes à Glasgow où le public écossais est à fond derrière les Verts malgré la victoire de l'ASSE sur leur équipe. Les 8 000 supporters allemands ont dû se sentir bien seuls en début de match face à environ 25 000 Français et tout le reste du stade en vert.
    Le temps de beugler une Marseillaise toute en ferveur et nous poussons l'équipe qui domine celle du Kaiser Beckenbauer. On y croit plus que jamais ! Avec un jeu pareil ils ne peuvent pas perdre ! Impossible !

    Au premier tir de Dominique Bathenay, on hurle, on est debout, on saute et... on s'effondre : le ballon rebondit sur la barre transversale ! Une barre carrée ! Et rebelote sur un tir de Jacques Santini !
    Pour la première fois, on doute, mais les Stéphanois nous ont habitués à de tels coups d'éclat qu'on y croit.

    J'entame mon deuxième sandwich aux ongles quand le Bombardier Gert Müller feint le contact en surface de réparation provoquant une faute imaginaire. Vlan !
    Coup franc (de faux-cul oui !) tiré fissa par Beckenbauer en direction de Franz Roth : le gardien stéphanois, Ivan Curkovic effleure le ballon qui finit sa course au fond des filets.

    Coup franc de Franz Roth

    1-0 ce sera le score final. Ma chaise a volé dans le mur, et nous sommes vraiment en larmes. Nous étions "au bout de notre vie" comme disent les jeunes. On les suivait sans faillir depuis deux saisons

    Mais l'AS Saint Étienne a remporté une autre victoire ce soir là : celle des cœurs, et pas seulement en France.
    La presse européenne a étrillé les Allemands et les unes étaient vachardes "Larcin' ou "Ce ne sont pas les meilleurs qui ont gagné" et pour les Anglais c'est un boulet rouge "Le Bayern vole la Coupe aux Français".

    Sur les Champs Élysées, les Verts sont acclamés par près de 100 000 supporter et le président Giscard d'Estaing (joueur de foot et fan) les a chaleureusement reçus à l'Élysée : "Messieurs, la France c'est vous !". Et c'était vrai car même après cette défaite (ils seront Champions de France un mois plus tard), les Verts ont gardé une place particulière dans le monde du foot.

    Il faudra attendre 1998 pour retrouver une telle ferveur.

    L'hymne du Chaudron

    En 1976, un chanteur qui connut son heure de gloire à l'époque des yéyés, va renouer avec le succès grâce à une histoire d'amour... sportif.

    Jacques Bulostin a toujours rêvé d'être footballeur.
    Faute d'accéder à son rêve, il se fera connaître sous le pseudo de Monty et connaîtra la gloire fin des 60s, début des 70s, avec l'équipe de Salut les Copains.
    Mais il n'a rien perdu de sa passion pour le foot et ce gars du Cher est un fervent supporter des Verts qu'il va encourager au stade Geoffroy Guichard (le Chaudron) dès qu'il le peut.

    Les supporters qui le connaissent bien le sollicitent pour qu'il écrive une chanson à la gloire de cette équipe qui depuis deux saisons fait battre le cœur des footeux.
    Conscient que la fameuse finale de la Coupe des Clubs Champions aura lieu dans quelques semaines, pour Monty, il y a urgence ! Un soir, en sortant du stade, il torche un texte en 10 minutes, texte qui sera mis en musique par Jean-Louis d'Onorio.

    Un carton ! La chanson restera 11 mois en tête des ventes et sera reprise à plusieurs reprises sous diverses formes.
    Depuis 47 ans, elle fait toujours vibrer les tribunes du Chaudron. Les supporters la connaissent par cœur : on l'enseigne dans les écoles stéphanoises.
    Les équipes dont les joueurs jouent en vert l'ont reprise à leur compte.

    Même la presse a gardé la mémoire de ce titre. Ainsi, la veille du derby ASSE /Olympique Lyonnais en 2010, l'Équipe titrait "Qui c'est les plus forts ?" et le lendemain en une s'étalait "Évidemment c'est les Verts !" après la victoire de Saint-Étienne.

    L'album était magnifique ! Il y avait les photos dédicacées "pleine page" des joueurs, un poster big size et un livret. Je l'ai gardé près de 30 ans... jusqu'à ce qu'on me pique tous mes vinyles.

    Si chaque stade a son hymne, et qu'il y eut même un hymne "Allez les Bleus !", Allez les Verts est encore la chanson "foot" la plus connue du répertoire. Pourquoi ?
    Parce qu'elle a été pensée pour tous et calibrée pour être facile à retenir. Mais je pense que l'explication de cette longévité tient pour beaucoup dans la relation entre les joueurs et le public : à l'époque ils étaient encore des "joueurs" et non des stars inaccessibles payées au kilo comme de la barbaque. On pouvait venir leur parler, on pouvait leur écrire (ah ! mon poster dédicacé de Piazza torse-poil, accompagné de son petit mot de remerciements !).
    A ma connaissance, plus aucune équipe n'a suscité une telle sympathie, tout public et sur la durée, sauf peut-être les Canaris nantais fin des 80s.

    Vous reprendrez bien un p'tit Vert ?

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 6 Septembre 2023 à 12:19

    Hello Pixelie,

    ça devait être une sacrée ambiance et en tous cas de bons souvenirs.

    Il faut le vivre pour comprendre. C'est clair que de nos jours, il a aussi parfois de bonnes surprises et ce,

    malgré les millions ! Mais bon, rien à voir !

    Bises,

    Sosolune

    2
    Jeudi 7 Septembre 2023 à 10:55

    Ce jour là, j'étais en vert... kaki, au deuxième mois de mon service militaire... dans la salle où se trouvait la télé, il y avait de l'ambiance ! C'était à Saint-Cyr Coëtquidan, nous avions été "invités" à servir de matériel humain dans le cadre d'exercices de commandement pour les élèves officiers... Comme c'est loin tout ça ! Heureusement, le foot, lui, est toujours là...! 

    Bonne journée

      • Jeudi 7 Septembre 2023 à 11:56

        Ah ! C'est vrai ! Le service militaire ! J'avais oublié !
        Pourtant, avec la guerre du Vietnam, ce fut un de mes premiers "faits d'armes" en 73 ! Et les premiers coups de matraques qui entamèrent mon épaule (à 4 CRS contre une môme de 14 ans !) . "Debréé ! Debréé ! Debrééé ! Pas d'sursis répondit Debré !". (anecdotes d'un autre siècle).

        Encore un effort et je crois qu'on pourra de nouveau chanter Parachutiste...le kaki redevient à la mode.
        En 1977 ma famille voulait que je fasse l'école des sous-off en m'engageant pour 5 ans. Sauf que me faire saluer le drapeau, bon, une fois par siècle passe, mais me faire marcher au pas... y en a qui ont essayé, y z'ont eu des problèmes !

         

      • Jeudi 7 Septembre 2023 à 12:11

        Quant à la chanson, j'avais zappé le rôle éminent de Monty dans la création de cette oeuvre qui fait bien le job... La vidéo, elle, avec son p'tit côté "Les charlots font du foot" ou "Les bronzés à la coupe du monde" fleure bon les années soixante dix...

        Saleté de poteaux carrés !!

      • Jeudi 7 Septembre 2023 à 12:28

        Oui, je me souviens évidemment de tous ces "combats"... la nostalgie genre "c'était mieux avant", ça ne marche pas toujours... pas pour tout le monde selon l'endroit et le moment... 

    3
    Vendredi 8 Septembre 2023 à 09:48

    cette chanson celebre en son temps

    est en fait une reprise du meme air et de la meme musique d'un autre titre paru avant

    MAIS

    memes auteurs, memes composoteurs

    donc ils se sont plagiés eux memes

    et n'ont pas fait de proces a eux memes pour l'utilisation de ce meme morceau

     

    voila le vrai titre a ecouter

     

    https://www.bide-et-musique.com/song/5227.html

      • Vendredi 8 Septembre 2023 à 10:00

        Merci de cette précision que Monty ne donne pas dans son interview (j'ai paumé le lien), le bougre !

        Dans :la mesure où auteur/compositeur sont les mêmes, peut-on vraiment parler de plagiat ?
        Allez... on va dire "ré-écriture" et franchement, je préfère la version "écolo"

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