Mise à jour  28/04/2024

Je vous emmène aujourd'hui à l'est de la France, en Alsace, pour une rapide découverte de cette région à l'histoire mouvementée.

Malheureux Alsaciens passant au gré de l'Histoire et des guerres tantôt sous l'autorité allemande, tantôt sous l'autorité française.
Formée par le Haut Rhin et le Bas Rhin, l'Alsace change de nom au gré des réformes territoriales plus ou moins heureuses des gouvernements successifs.

Devenue Collectivité Européenne d'Alsace depuis le 2 janvier 2021, sans consultation des Alsaciens et dans un flou qui réveille les tensions entre les 2 départements, ce statut cristallise également la colère des Français pour qui cette "européanisation" va à l'encontre d'un sentiment national.

L'Alsace terre de traditions

Les Alsaciens sont très chatouilleux quand il s'agit de leurs traditions !
Ne les attaquez jamais sur ce sujet car de méfiants ils passent à hostiles, et manquer de respect à un Alsacien, c'est pire que de parler sec à un Numide (merci Uderzo et Goscinny).

L'Alsace est un pays de traditions religieuse et agricole, des traditions auxquelles les Alsaciens sont arcboutés, tandis que France et Allemagne se sont battus pour y maintenir leur influence. Leur identité est alsacienne quant l'histoire en a fait des "malgré nous" des deux bords.

Une tradition culinaire

Enfant, j'ai découvert l'Alsace à travers sa cuisine grâce à l'ancienne cuisinière du Kaiser Guillaume II, grande et solide femme (quel caractère !) qui à l'abdication du Kaiser se réfugia dans le Berry.

Bien entendu, il y a la choucroute, cuisinée au Riesling, la flammenküche, le fameux kougelhof, les spätzles qui accompagnent le lapin à la bière et knackis (les vraies !).

Et le baeckeoff (four du boulanger) qui tient son nom de sa cuisson : l'Alsace comptait une forte communauté juive et pendant shabat il était interdit de faire du feu. Avant shabat, les maîtresses de maison préparaient le plat qu'elles apportaient chez les boulangers goys (non juifs) qui les mettaient à mijoter dans les fours à pain toute la nuit jusqu'au lendemain midi à la fin du shabat.

Les luthériens ont repris cette tradition, faisant mariner le plat le samedi soir et l'apportant chez le boulanger pour la cuisson avant les offices (les services religieux luthériens étant longs, très longs!). Ce dernier lutait les terrines et le plat cuisait doucement à l'étouffée : une pure merveille !
Ah ! et le munster à l'odeur musclée et à la saveur douce qu'on peut relever de quelques grains de cumin (ou carvi).

Comment rendre fou un éleveur de canards du Sud Ouest ?

Les habitants du Sud Ouest sont fiers de "leur" foie gras, à juste titre, allant jusqu'à en revendiquer la paternité.

Pourtant, saviez-vous que le foie gras est originaire d'Alsace ?

Si les Égytiens de l'Antiquité furent les premiers à le conserver dans des jarres scellées, le foie gras que nous connaissons aujourd'hui fut importé par les Ashkenazes, juifs d'Europe de l'est qui fuyaient les pogroms. 
Faute de pouvoir se nourrir de charcuterie, ils améliorèrent et développèrent la technique de conservation du foie de canards qu'ils élevaient au maïs.

Accueillis en Alsace, ils partagèrent leur savoir faire (et le développement de la culture du maïs).
Avec la mise au point de l’appertisation, les Alsaciens en développèrent la production à plus grande échelle et son exportation. C'est ainsi que le foie gras n'arriva que plus tard dans le sud-ouest.

Un conseil : pour déguster le foie gras oubliez le Sauternes, épais en bouche, et qui masque la finesse d'un bon foie !  Optez pour un Pinot noir d'Alsace, vous m'en direz des nouvelles !

Une terre de folklore.

Même sans avoir mis un seul orteil en Alsace, tous les mômes de ma génération connaissaient la fameuse coiffe alsacienne.

En effet, comment oublier les fameux biscuits L'Alsacienne (absorbée depuis par LU) qui mit sur le marché les moelleux chamonix à l'orange, les fines langues de chat ou encore les palmiers craquants ?

Nous étions à peine capables de situer l'Alsace sur une carte de France mais grâce à notre gourmandise nous savions tous à quoi ressemblait une Alsacienne !
Le grand nœud et les cigognes, c'était l'Alsace, la coiffe bigouden et la pluie, c'était la Bretagne !
A quoi tiennent les connaissances géographiques !

et de convivialité

Pour être honnête, la chaleur des Alsaciens n'est pas forcément ce qui saute aux yeux des visiteurs au premier contact. De leur héritage luthérien, ils ont conservé une exigence élevée en terme de morale et d'honnêteté.
Mais si on évite de se comporter comme un gros beauf de touriste et qu'on est sincère, on découvre alors des gens chaleureux, généreux, profondément sincères dans leur amitié.
C'est alors qu'on découvre que derrière le masque un peu "rigoriste", les Alsaciens aiment et savent faire la fête, d'où le folklore n'est jamais bien loin.

Fête en famille, fête religieuse, fête pour ponctuer une foire, ou la fin des récoltes... tout est bon pour se retrouver, bien manger et danser. Hein ? Boire aussi ! Bien sûr !
Si l'ambiance est un peu guindée au début, c'est qu'il faut bien se mettre en jambes !
A noter qu'on retrouve des similarités avec la Bavière toute proche, avec des rythmes et des danses souvent "cousines".

Laissez tomber le masque, le gel et votre attestation, ici pas besoin !

Et pour en découvrir plus, parade dans  un des plus beaux villages alsaciens, Seebach, pour une parade ensoleillée