• Zorro Negro - Ti Pouchon

    Ah ! Les Caraïbes !
    Destination de rêve avec son océan, bleu, si bleu, ses îles paradisiaques, les Îles Vierges, Cuba, la République Dominicaine, Haïti...

    Hé ! Ho ! Haïti !? Destination de rêve ?
    Nan mais ça va pas la tête ???!!!
    Bon, c'est vrai, Haïti c'est un mauvais exemple. Surtout pour la France ¿!

    Lors de mes pérégrinations sur la Toile, je suis tombée sur un titre qui m'a fait traverser l'Atlantique.
    Pas longtemps car l'actualité m'a brutalement ramenée ici et le rêve a fait long feu !

    Je vous convie à un petit voyage à la fois musical et historique avec Franklin Medina el Zorro Negro.

     

    Zorro Negro - Ti Pouchon

     

    L'Histoire et la Culture, la musique notamment, c'est vrai que j'y reviens souvent mais au fil de mes recherches force m'est de constater que très souvent l'une influe sur les autres.

    K-pop ou "chanté Nwel" de nos Antilles, ces musiques sont les enfants de l'Histoire.
    Ainsi en va-t-il de la musique haïtienne ou musique racine.

    Haïti, deux siècles d'instabilité et d'amnésie française

    Je suis presque sûre que, tout comme moi, vous vous êtes rarement posé la question du "pourquoi" en écoutant parler un Haïtien, il parlait français, non ?
    De même que le fait que les patronymes sonnent furieusement français, le créole haïtien ne suscite pas plus de curiosité que ça.

    Pour les plus anciens d'entre nous, Haïti c'est la dictature sauvage des Duvalier et de leurs "tontons macoutes" qui firent régner la terreur et provoquèrent une vague migratoire vers les îles voisines ou la France.
    Aujourd'hui, ce pays qui a le triste privilège de figurer dans le tableau de tête des 45 PMA (Pays les Moins Avancés du Monde) est plongé dans le chaos d'une guerre de gangs sanglante.

    L'Histoire mise sous le boisseau

    J'ignore ce qu'il en est aujourd'hui mais "de mon temps" les manuels d'histoire semblaient avoir oublié cette ancienne colonie française qui fit la fortune de grands noms de villes comme Nantes, La Rochelle ou encore Bordeaux qui bâtirent cette fortune au pris du sang des esclaves, bien après l'indépendance de l'île.

    L'Histoire des Grandes Antilles est pour le moins remuante !

    Charles X roi de FranceCette colonie, considérée comme "la plus riche du monde" attise toutes les convoitises, espagnoles, anglaises, françaises qui se castagnent allègrement pour établir leur domination, sans parler des Américains qui à partir de 1914 apporteront leur contribution au bordel ambiant !

    Si Haïti tombe sous la domination française, ça ne sera pas un long fleuve tranquille !

    Le jeune Premier Consul Napoléon Bonaparte, futur Napoléon 1er, se fera copieusement botté le cul par l'armée d'esclaves noirs haïtiens lors de l'Expédition de Saint Domingue (1802/1803).

    En 1804 Haïti devient la première république à majorité noire et le deuxième état indépendant du continent américain après les États-Unis.

    Et devinez qui n'est pas content ?

    Les planteurs et grands négociants français, dont certains se sont exilés en Louisiane, hurlent au charron devant le manque à gagner et les pertes subies.

    Une indépendance très chèrement acquise

    La France tentera vainement de faire revenir la République d'Haïti dans le giron de la colonisation heureuse,  mais en vain.
    En 1825, le roi Charles X concède l'indépendance de la jeune république, mais à quel prix !

    Le 17 avril 1825 le roi Charles X signe une ordonnance qui pèsera lourd dans le futur d'Haïti... et peut-être sur notre déficit budgétaire actuel.
    En effet, s'il reconnait cette indépendance du bout de la plume, sous la pressions des colons il impose des "réparations" à hauteur de 150 millions de francs or.

    Les Haïtiens mettront 122 ans à payer cette dette (1947), sans compter les intérêts y afférant qui ne seront finis de rembourser qu'en 1952.

    Si Sarkozy en 2010, puis Hollande en 2015 reconnaissaient une dette "morale" de la France, en ce mois d'avril c'est silence radio tant du ministre des Affaires étrangères que de son patron, Emmanuel Macron, tandis que ce 18 avril à Genève, Volker Turk, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, soutenait la demande d'une vingtaine d'ONG pour que la France rembourse cette rançon à la République d'Haïti, quitte à passer par la constitution d'un tribunal à l'ONU.

    On parle d'un chiffre minimal de 21 milliards de dollars (env. 19,6 milliards d'€) et de près de 200 milliards (env. 186,6 milliards d'€) si on inclut les intérêts.

    Pour les Haïtiens, il y a urgence.

    Une culture musicale au fil de l'Histoire

    C'est un paradoxe dans la vie des peuples et des nations : de leur Histoire troublée nait le plus souvent un foisonnement culturel qui représente une richesse immatérielle.
    La musique haïtienne n'échappe pas à cette règle.

    Musique sous influences

    A l'instar de leurs frères de chaînes aux États Unis, dans l'archipel caribéen ou encore au Brésil, les musiciens haïtiens ont à cœur de préserver leur héritage africain.

    Eux aussi y mêleront les influences musicales de ceux qui furent leurs "maîtres" mais également des influences vaudou très marquées, des influences religieuses ou encore classique.
    Il est à noter que la musique haïtienne s'est enrichie de courants divers qui se sont développés en fonctions des crises politiques et sociales du pays, comme autant de jalons dans l'Histoire de l'île.

    De façon très schématique, on peut considérer qu'il existe deux courants : celui "du sol", endémique à l'île, et celui que j'appellerais "expat", qui est celui des migrants haïtiens qui ajoutent à leur musique les sonorités de leurs pays d'accueil.

    C'est à cette deuxième catégorie qu'appartient Franklin Medina.

     

    Zorro Negro - Ti Pouchon

     

    El Zorro negro entre Haïti kreyol et bachata

    Je n'ai malheureusement pas trouvé d'informations précises et fiables sur la biographie et le parcours artistique de Franklin Medina "El Zorro Negro".
    J'espère pouvoir réparer cela ultérieurement.

    Inscrite en 2019 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'UNESCO, la bachata est à la fois une musique et une danse représentatives de la culture populaire de la République Dominicaine.

    Plutôt mal vue par la bonne société dominicaine, la bachata est la musique des classes défavorisées des barrios (bidonvilles) et des plantations.
    Elle mêle bolero, merengue, compas haïtien et rythmes africains.

    Au fil des secousses politiques et séismiques qui ont secoué leur pays, les immigrants haïtiens ont fusionné les deux musiques, apportant un son nouveau.
    Bien qu'ayant contribué au renouveau du genre et à sa popularisation dans le monde (notamment en Afrique), les bachateros haïtiens enregistrent leurs disques en espagnol, même s'ils composent en kreyol. Si on en croit le label iASO Records, à ce jour aucun disque de bachata n'a été enregistré en créole haïtien, par crainte de persécutions de la part des Dominicains opposés à l'accueil des Haïtiens sur leur sol.

    La musique adoucit les mœurs, mais apparemment ça prend du temps.

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 27 Avril à 08:59

    Aah.... Voilà une musique qui me parle plus que ce que j'ai découvert tout à l'heure... Faut dire qu'ayant un beau-frère Dominicain, j'ai découvert depuis longtemps la Bachata qui est, effectivement, typique de République Dominicaine. Tu t'es bien renseignée ainsi d'ailleurs sur leurs relations... en tout cas, l'interprète que tu me fais découvrir aujourd'hui n'a pas à rougir de sa Bachata. Au contraire ! En tout cas, grâce à toi, j'en aurai appris beaucoup plus sur Haïti. Car, si déjà, on ne vous en parlais pas à l'école, non c'était pareil !!! Déjà qu'on occultait complètement notre passé colonialiste, alors.... 

      • Samedi 27 Avril à 15:06

        Bonjour mon cher Fred

        Hhhha ! Je veux bien croire que ce fut un "choc culturel" mais à force, tu sais que j'ai peu de limités.

        Bien sûr que je me suis renseignée, en tout cas j'ai essayé.

        J'aime exploré, comprendre et partager mes découvertes. Alors c'est vrai que je publie peu mais tu connais mes choix. Je suppose que si je me penche sur la musique de l'ex Congo belge (Zaïre) je ferai des découvertes tout aussi étonnantes et passionnantes tant du point de vue historique qu'artistique.

        Maintenant, je suis consciente que mes choix éditoriaux peuvent ne pas plaire mais il y a une telle interpénétration entre l'Histoire, politique, sociale, etc; et la Culture que personnellement, ça me passionne de farfouiller !

        C'est toujours dommage que des réflexes colonialistes nous fassent oublier l'enrichissement mutuel...
        C'est vrai qu'on a la fâcheuse tendance à oublier que la "petite" Belgique fut une grande puissance !
        Qui se souvient encore, hors de Belgique, de la résistance de la Wallonie contre Philippe II d'Espagne ? Ou du traité de Westphalie (où le peintre Rubens joua un rôle non négligeable) ? Sans parler des Français et de leur rêves d'annexion (le Brabant et le Hainaut si ma mémoire ne me trompe pas)...

        Mais je m'égare ! happy

        Bisous

         

    2
    Mercredi 1er Mai à 10:05

    merci de ce beau voyage aux Caraibes avec toutes ces infos que tu nous presentes, je ne connaissais pas l'histoire d'Hiati

    et là, en musique en plusssssss, cela donne envie de danser

    ce sont des airs, des rythmes qui donnent envie de se trémousser eh eh eh

     

    j'aime bien, c'est dépaysant, divertissant et c'est de la musique que j'ecouterai encore et encore,

    pas comme certaines autres LOL

      • Mercredi 1er Mai à 20:39

        Et pourtant les textes  ne sont pas forcément gais...

        Je crains hélas que l'ignorance de notre propre histoire ne s'aggrave d'autant que la tendance à la réécrire se fait de plus en plus forte...

        Je surveille un peu car si jamais l'ONU prend la requête en considération, ça va nous faire très très mal. Et je suis sûre que certaines puissances étrangères n'hésiteront pas à voter en ce sens.

        Comme dirait l'autre, on serre les miches !

         

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