• SUPERTRAMP Label et le Clochard

    Si on devait faire un vœux chaque fois qu'une étoile filante traverse le ciel musical, on y passerait notre vie ! Et combien d'artistes, anciens ou récents, qui malgré une discographie fournie ont disparu de la mémoire collective ! Les lois du showbiz et les changements de mode se jouent de la pérennité. 

    Pourtant certains airs reviennent au détour d'une pub. "Tiens ! C'est pas mal ça ! C'est qui ?", demande votre petit fils. Et vlan !
    Un super élastique musical vous ramène brutalement près d'un demi siècle en arrière quand, rêveur de vingt ans vous rêviez d'un petit déjeuner en Amérique.

    Retour sur la carrière d'un des groupes phares de la scène pop rock alternative de la fin du 20ème siècle (ça fait mal aux gencives !) qui a marqué la pop alternative.

    SUPERTRAMP Labels et le clochard

     

    Des débuts poussifs

    Il y a des naissances qui se passent sans coup férir, comme lettre à la poste, et d'autres où même aux forceps, ça coince.
    Il en fut ainsi pour les Londoniens qui ont sacrément ramé avant de devenir un groupe incontournable des 80's. Musicalement, il y aura un avant et un après SUPERTRAMP.

    Une formation chaotique

    Tout commence en 1969 avec la rencontre de Richard Davies avec un milliardaire hollandais fan du claviériste, Stanley August Miesegaes.
    Là les versions divergent selon les sources quant à la formation initiale du groupe et aux exigences de Miesagaes : pour certains ce dernier aurait financé le recrutement de musiciens suite à une rencontre avec Richard Davies dans un club londonien (munichois pour d'autres sources, ce qui est le plus vraisemblable, le groupe ayant fait ses premières scènes à Münich), pour d'autres il aurait "seulement" contribué financièrement à l'enregistrement de leur premier album... selon toute vraisemblance, ce fut les deux à la fois.

    A cette époque, Richard Davies jouait avec son groupe, The Joint, mais Miesagaes n'était pas vraiment emballé par le niveau de la formation. Il menace ni plus ni moins de couper la pompe à fric.
    Richard Davies passe alors une petite annonce dans le journal Melody Maker. C'est ainsi que Roger Hodgson, chanteur, bassiste et guitariste, Dave Winthrop, saxophoniste, Richard Palmer James, chanteur, guitariste et balalaika et Keith Baker, batteur vont rejoindre la formation qui s'appelle initialement Daddy.

    Pour la petite histoire, Roger Hodgson avait créé son propre groupe, Argosy, avec à ses côtés un certain Reginald Kenneth Dwight avec qui il composera un titre Mr Boyd qui connaîtra un échec. C'est suite à cet échec que Hodgson se présentera à l'audition de Rick Davies.
    Quant à Reginald Kenneth Dwight, il continuera à composer et se fera connaître sous le nom de... Elton John.

     

    SUPERTRAMP debut

    Naissance de Supertramp

    Afin d'éviter la confusion avec un autre groupe britannique, le groupe se choisit un nouveau nom suggéré par Richard Palmer, inspiré du livre de William Henry Davis Autobiography of a Super Tramp, paru en 1908 : ce sera donc Supertramp (qui peut se traduire par super clochard ou super vagabond).

    Si la constitution du groupe fut chaotique, l'ambiance au sein de la formation l'est tout autant !
    En 1970, Supertramp qui est revenu à Londres, sort un premier album, sans titre initial et qui par la suite prendra le titre de... Supertramp. Flop !
    Exit Richard Palmer et Keith Baker qui seront remplacés par Frank Farell à la basse et Kevin Currie aux percussions.

    La nouvelle formation sort un deuxième opus en 1971, Indelibly Stamped qui du point de vue musical enthousiasmera les "foules" autant que le premier mais qui marquera les esprits par sa pochette !
    Je ne résiste pas au plaisir de partager ce chef d'œuvre de bon goût, ainsi que le premier titre de l'album qui annonce la future orientation du groupe !

    SUPERTRAMP Indelibly Stamped cover

    Déçu et découragé par ces deux échecs, d'autant qu'il y laisse des plumes financièrement, Miesegaes jette l'éponge en 1972 et arrête de financer ce groupe qu'il voyait pourtant prometteur. Par chance pour le groupe, leur mécène leur laisse le matériel qu'il a payé.

    Acharnement thérapeutique

    Financièrement livrés à eux-mêmes, les musiciens enchaînent les concerts pour survivre mais c'est un désastre !
    Le groupe n'y survit pas et ses membres quittent le navire qui prend l'eau.
    Ne restent à bord que Rick Davies et Roger Hodgson.

    Les deux rescapés de ce naufrage musical sont d'accord sur un point : il faut entièrement repenser l'orientation musicale de Supertramp vers un son plus pop.
    Mais il faut bien manger et les deux compères vont collaborer sur l'album solo du claviériste de Ten Years After, mais sans pour autant abandonner Supertramp.
    Les deux composent chacun de leur côté, Hodgson s'aidant en prenant du LSD ce qui, d'après lui, lui donne une autre vision des choses.

    Supertramp ? Même pas mort !

    A ce stade, nombre de groupes auraient jeté l'éponge, d'autant que question finances c'est pas que ça aille mal : c'est pire, au point que Roger Hodgson a très sérieusement envisagé de laisser tomber.
    Mais bonne étoile ou gros coup de bol, Davis et Hodgson vont bénéficier de deux supers atouts.

    La renaissance du super vagabond

    Le premier atout dont bénéficie Supertramp est la foi que leur label a en eux.
    La branche britannique du label américain A&M Records ne les lâche pas et continue à les soutenir financièrement car ils sont persuadés des talents de compositeurs de Davies et Hodgson.

    Le deuxième atout est la complète refonte de la formation.
    Bien qu'écrivant chacun de leur côté, Richard Davies et Roger Hodgson ont composé un peu à la façon de Lennon et McCartney : séparément mais ensemble, le duo a composé un concept album, encore faut-il avoir LA bonne formation pour mettre tout ça en musique !

    SUPERTRAMP 1974

    A l'été 1972 les deux compères avaient décidé de renforcer leur section rythmique et trois nouveaux musiciens rejoignent Supertramp : le bassiste Dougie Thomson, Bob C. Benberg et, cerise sur le gâteau, John Anthony Helliwell, saxophoniste et clarinettiste de haute volée qui va transcender les compos du groupe.

    Le "Crime" était presque parfait

    A&M Records enferme tout ce petit monde, certains avec leur famille, dans une ferme du Somerset de novembre 1973 à février 74, sous la houlette de Ken Scott qui est le producteur de David Bowie.
    Cette promiscuité ne se passera pas tous les jours dans la dentelle mais les membres du groupe vont apprendre à se connaître et, surtout, à travailler ensemble dans une vraie synergie.
    Car il ne faut pas se leurrer : ce qui se joue dans cette ferme, c'est rien moins que l'avenir de Supertramp.

    L'album de la dernière chance

    SUPERTRAMP Crime of the Century coverQuand à l'automne 1974 sort l'album Crime of the Century, tous sont conscients que c'est l'album de la dernière chance, le troisième et peut-être le dernier. C'est dire si l'enjeu est de taille !
    La pochette annonce un concept album sombre sur le thème de l'aliénation physique et morale. Le public est séduit !

    Crime of the Century va aligner quelques tubes tels que School, le titre éponyme ou encore l'étonnant Bloody Well Right qui alterne guitares lourdes et passages plus jazzy où le saxo de Hellwell fait merveille, et bien sûr le désormais mythique Dreamer.

    L'album se classe dans le top 5 des charts britanniques, il figure parmi les 40 meilleures ventes aux USA.
    Même si leur concert au Bataclan n'a pas connu la fréquentation escomptée, les 200 personnes présentes ce soir là furent enthousiasmés par la prestation du groupe qui a joué comme si la salle était bondée. Étonnant concert d'ailleurs où un seul spectateur a payé sa place et que le promoteur du tour a acheté 6 billets pour que les gars ne dépriment pas et le reste sont des invitations ! Mais c'est anecdotique alors que 500 000 albums seront vendus en France, ce qui est impressionnant à l'époque, a fortiori pour un groupe étranger.

    Après les années noires, Supertramp peut désormais envisager son avenir avec sérénité.
    Les soucis financiers envolés, une recette qui marche, une formation musicalement solide et homogène pour porter les compositions de Rick Davies et Roger Hodgson : les super "clochards" peuvent enfin poursuivre leur route vers le triomphe.

    A deux marches de la légende

    La route est encore longue qui les mènera vers le statut de groupe mythique mais Supertramp assoit sa notoriété d'album en album, imposant son identité musicale et vocale toujours si reconnaissable malgré les changements de styles dont il est friand.

    L'apprentissage de la perfection

    Même si on a un peu tendance à l'oublier, la carrière de Supertramp ne se limite pas aux deux albums cultes qui ont traversé les années.  La formation a trouvé son identité musicale et l'homogénéité dans l'exécution de leurs compositions parfois complexes.
    Mais il reste encore du travail à accomplir avant d'entrer dans la légende musicale.

    Crisis ? What Crisis ? (1975)

    SUPERTRAMP Crisis? What Crisis ?Contraints d'interrompre le Crime Tour of America pour cause de blessure d'Hodgdon, le groupe prend ses quartiers à Los Angeles pour composer car en raison du calendrier chargé du Crime Tour, il a peu de matériel d'avance.
    Une partie de l'album est enregistrée aux studios A&M de L.A.
    Le résultat est décevant. Supertramp revient à Londres pour composer de nouveaux morceaux et mettre ça en boîte. Ironie, Crisis? What Crisis? sort en novembre 1975, en pleine récession économique.

    Si l'album ne compte pas de tube, puristes et professionnels pensent que c'est l'album le plus homogène. Hudgson qui à cette période le détestait, reviendra sur cet avis. Pour moi, A Soapbox Opera est une perle !

    Les Anglais repartent en tournée pour le Lady Tour, tournée qui sera plus importante que le Crime Tour. Japon, Australie, Nouvelle Zélande, Canada, Las Vegas... Ce sont 8 mois de conquête où Supertramp va peaufiner et moderniser leur prestation scénique, en en faisant un vrai spectacle son et lumière.

    Even in the Quietest Moments (1977)

    SUPERTRAMP Even in the quietest momentsLa formation britannique pose ses valises outre-Atlantique et fait la navette entre le Colorado où elle reprend la recette de l'isolement laborieux pour composer - et tout comme dans le Somerset, ce ne sera pas sans tensions - et Los Angeles pour mettre l'album en boîte. Aux manettes, il y a du beau linge : Peter Henderson au son et Geoff Emerick (ingé son des Beatles) au mixage.

    Even in the Quietest Moments sort le 8 avril et après le fléchissement de Crisis, les ventes remontent.
    La tendance est à la vague punk que Supertramp va balayer avec des titres qui au contraire traitent de valeurs plus optimistes et fraternelles.
    L'album restera 22 semaines dans les charts britanniques, caracolera à la 4ème place des hits français et à la 1ère en Hollande. Il sera 16ème du US Billboard Pop Albums et sera certifié disque d'or et de platine.

    A l'actif de cet album, un titre (pas le meilleur à mon avis) qui fait le tour du monde : Give a Little Bit, écrite dans sa jeunesse par Roger Hudgson qui s'était inspiré de All you need is Love des Beatles.
    Pour les fans de Supertramp, cet album est le plus abouti, le plus représentatif de leur talent complexe et ils citent le titre Fools Ouverture (fin de playlist) comme probablement le meilleur morceau jamais écrit et joué par le groupe, avis que je ne suis pas loin de partager.

    Supertramp entre dans la légende

    Surfant sur le succès du groupe, en 1978 A&M ressort l'album Supertramp qui devient disque d'or, plus par effet curiosité et buzz, à mon avis, que pour sa qualité musicale.
    Cette année, le groupe enchaîne 130 dates sur l'Europe et les USA. Finis les concerts un peu à l'arrache des débuts (voir photo du haut) : les shows sont millimétrés et les sons et lumières hyper chronométrés.

    Breakfast in America : la consécration... et la fin

    SUPERTRAMP album coverAu printemps, retour à Los Angeles mais pas question de vacances : après un très bref repos, le groupe se retrouve chez Rick Davies pour composer son sixième album.

    Une thématique prémonitoire

    Suivant la recette habituelle, les deux compositeurs arrivent avec leurs morceaux prêts à être enregistrés aux studios Village Recorder où Peter Henderson les attend pour la mise en boîte censée durer deux mois.

    Mais patatras ! En pleine session d'enregistrement, le groupe choisit une autre thématique pour cet album qui devait initialement s'intituler Working Title puis Hello Stranger.
    Entre nous soit dit, ce fut une excellente idée !

    Imaginez "Scènes de ménage" en album... Car les titres prévus pour cette mouture avaient pour thème les différends, déjà de notoriété publique, entre Richard Davies et Roger Hudgson, les deux piliers du groupe. Surprenant non ? Prémonitoire, en tout cas.
    Pourquoi ce changement en plein enregistrement ? La réponse la plus probable est donnée par Hudgson lui-même.

    Alors, il y a pas mal de moments dans l’album « Breakfast in America » où le groupe joue fort. C’est aussi une époque où on se sentait bien, on était heureux d’habiter en Californie, et je crois que ce disque recèle l’esprit de la Californie, bien plus que tous les autres albums de Supertramp.

    Le groupe se tourne alors vers des compositions plus légères, résolument plus optimistes et plus conformes à leur état d'esprit du moment.
    L'enregistrement se passe dans une bonne humeur quasi générale que les titres, plus pop que sur les précédents opus, reflètent.
    Seul Richard Davies ne partage pas l'optimisme du groupe quant au succès du groupe.

    Un Petit Déjeuner copieux !

    Le premier single The Logical Song devient en quelques jours un tube quasi planétaire. Paul McCartney en fait sa chanson préférée de l'année. Pour l'anecdote, The Logical Song est la chanson la plus étudiée dans les écoles anglaises.

    Le 29 mars 1979 des queues de fans patientent dès le matin devant les disquaires pour s'arracher la nouvelle galette des Anglais, Breakfast in America !
    Rien qu'en 1980 les ventes se chiffrent à 16 millions d'exemplaires vendus ! On estime aujourd'hui à 22 millions le nombres d'exemplaires physiques vendus.

    Disque d'or, disque de platine et même disque de diamant au Canada : l'ampleur du succès de l'album surprend même les membres du groupe.

    Lors d'une interview téléphonique accordée en 2008 à Marie-Christine Blais, journaliste à La Presse (Canada) Roger Hudgson confiait :

    Je ne pensais pas alors que l'album serait reçu de cette manière. Je savais seulement que nous avions fait le meilleur disque dont nous étions capables.
    J'ai travaillé sept jours sur sept pendant environ huit mois sur cet album. Certains soirs, les autres membres du groupe finissaient par rentrer chez eux, abandonnant l'idée de me sortir du studio tant je ne pensais qu'à cet album...

    Richard Davies doit manger son chapeau et... filer les 100 $ que Bob Siebenberg, le batteur, avait pariés avec lui sur le succès du disque.

    Déjà sceptique quant à son succès, Richard Davies était loin de s'attendre à ce que Breakfast in America devienne un album mythique et qu'il conserve ce statut quarante-trois ans après.

    Une rafale de tubes

    Dans l'industrie du disque, Breakfast in America inaugure une première : sur les 10 titres que comporte l'album, le label A&M sortira 4 singles qui tous cartonneront The Logical Song, Goodbye Stranger, Take the Long Home et le titre éponyme Beakfast in America.
    A noter que Goodbye Stranger est un titre rescapé du projet initial qui fait référence aux rapports entre les deux compositeurs du groupe.
    Autre nouveauté, A&M va développer une politique de merchandising jusque là inconnue avec une batterie d'objets promotionnels en rapport avec la pochette.

    L'album retrouvera une deuxième jeunesse lors de sa réédition en 2010.

    Un album et une cover fantasmés

    Si Breakfast in America est devenu un album de légende, il est aussi devenu un album de légendes nées dans les cerveaux en ébullition de certains fans.

    Tout d'abord, concernant son contenu, certains y ont vu et y voient encore une satire de l'Amérique et du rêve américain, ce dont le groupe s'est toujours défendu, non sans une pointe d'amusement ce qui a probablement contribué à entretenir cette première légende.

    Mais c'est bien des années plus tard que l'album est bien malgré lui à l'origine d'une autre légende, nettement moins drôle celle-là et qui tourne autour de la cover de l'album.

    Elle a été conçue par le designer américain Mike Doud (décédé au début des 90's) qui travaille depuis 1970 pour A&M Records à Londres. On lui doit entre autres la pochette de Wind Of Change de Peter Frampton, celle de Heaven And Hell de Vangelis, mais surtout la géniale pochette de Physical Graffiti de Led Zeppelin représentant une façade d'immeuble d'East Village à New York.

    A noter que la couve reçoit le Grammy Haward de la meilleure pochette d'album.

    Regard par le hublot d'un avion survolant un Manhattan stylisé avec des bidons de sauces, tasses et autres ustensiles qu'on trouve dans tout fast food.
    La Statue de la Liberté, serveuse rondouillette, est incarnée par l'actrice Kate Murtagh qui brandit un jus d'orange en guise de flamme et affiche le titre de l'album sur son menu.
    Par cette pochette, Mike Doud illustre le changement de vie des membres de Supertramp qui passe des traditions anglaises au mode de vie américain, californien et s'y adaptent fort bien.

    Si la conception et l'idée de cette pochette sont plutôt géniales, a priori rien qui suscite le délire.
    Et pourtant...

    La sphère conspirationniste va se charger de créer et d'alimenter une autre légende : cette cover annonce les attentats du 11 septembre 2001 qui verra l'effondrement des Twin Towers !

    Rien de moins ! Et d'ailleurs ils peuvent le prouver : il suffit de regarder la pochette dans la glace et la vérité apparait.
    Au dessus des boîtes qui figurent les Tours, la flamme pointe les 3 caractères fatidiques 9 11. Et d'autres trouveront dans les anses des tasses le chiffre de la Bête 666 ! Quant à l'avion en approche, faut-il en dire plus ? Il suffit d'agrandir l'image pour que la "vérité" se révèle ¿

    SUPERTRAMP la prédiction

    Fort heureusement, pour les vrais fans, la légende réside dans la seule qualité de cette galette !

    Des concerts... de légende.

    Si déjà les concerts précédents étaient devenus de véritables shows sons et lumières rigoureusement millimétrés, la tournée Breakfast Tour entre elle aussi dans la légende.

    Ce sont 108 dates au cours des quelles Supertramp remplit désormais les stades, 52 tonnes d'un matériel d'une valeur de 5 M de dollars, une équipe de 40 personnes...
    Ce sont désormais des spectacles grandioses ponctués d'effets spéciaux impressionnants que le groupe propose au public et qui les hissent au Panthéon des plus grands groupes de rock.

    Leur concert du 29 novembre 1978 au Pavillon de Paris à Pantin sera enregistré et sort en double album, Live in Paris, en 1980. Remasterisé en 2012 pour une sortie DVD, il est encore considéré comme une des meilleures captations de concert de tous les temps.

    SUPERTRAMP Pavillon de Paris 1979

    Fin "du" Supertramp, début du mythe

    A la fin de de la tournée, le groupe est sur les rotules et décide de faire un break d'un an et demi.

    Le torchon brûle

    SUPERTRAMP Davies HudgsonEt il y a ces rumeurs persistantes concernant le départ de Roger Hudgson...

    On a souvent comparé les deux compères aux héros d'Amicalement Votre : milieux sociaux différents, modes de vie différents, orientations musicales différentes.
    Leurs fréquentes mésententes n'étaient un secret pour personne mais bien que composant chacun de leur côté ils arrivaient cependant à trouver ensemble la synergie qui a fait le "son Supertramp".
    Mais la mésentente entre Davies et Hodgson est de plus en plus évidente

    Rappelez-vous ce que devait être le thème de leur sixième album avant de devenir le plus célèbre petit déjeuner du monde (voir plus haut).
    Au menu de ce Breakfast in America, deux titres font allusion à la situation de plus en plus tendue entre les deux hommes : Goodbye Stranger mais également Casual Conversation dont Richard Davies dira

    Cela peut évidemment concerner les gens, ainsi que les garçons et les filles. Je suppose que c'est moi et Roger dans une certaine mesure ; je ne peux pas communiquer avec lui, je veux parfois sortir.

    L'album du divorce

    Suivant leur MO habituel, chacun compose de son côté mais déjà Hudgson prend des distances : il quitte Los Angeles où résident les autres membres de Supertramp pour s'installer à Nevada City.

    Au moment d'enregistrer ce septième album, ils ne sont d'accord ni sur le lieu d'enregistrement, ni sur le lieu de mixage, ni sur l'orientation musicale !

    SUPERTRAMP Famous last wordsQuand à force de compromis le septième opus sort en octobre 1982, c'est presque un faire-part de la fin du Supertramp "originel".

    Que ce soit le titre ...famous last words... (...derniers mots célèbres...) ou la pochette, pour les fans il n'y a plus de doute : ça sent le split !

    Supertramp sort le premier clip de sa carrière sur le titre My Kind of Lady, chanson écrite par Rick Davies.
    Mais que ce soit la mélodie ou le clip, le public leur réserve un accueil tiède.
    Leur deuxième clip sera reçu bien plus chaleureusement ! Le single It's Raining again, écrit par Roger Hudgson, se classe n° 1 en France, n° 6 en Grande Bretagne et n° 11 aux USA.

    Mais ça ne suffit pas pour doper les ventes de l'album qui sans être catastrophiques sont loin d'atteindre celles des albums précédents.
    Hudgson est mécontent de l'album et de l'orientation trop jazz, trop sage que Davies veut lui imprimer.
    C'est d'autant plus évident que les compositions s'alternent : les pistes impaires sont écrites et interprétées par Hudgson et les paires par Davies.

     

    La dernière tournée de Roger Hudgson

    SUPERTRAMP billetSupertramp reprend la route pour la tournée promotionnelle de l'album, avec Roger Hudgson mais cette fois, c'est officiel : en mars 1983 ce dernier annonce qu'il quittera le groupe à la fin de la tournée.

    Cette tournée, dont la set list fait la part belle aux tubes du groupe, restera dans la mémoire des fans français car une fois encore le groupe inaugure.
    En effet, le 26 juin 1983, Supertramp est le premier groupe à jouer au Parc de Sceaux, sur l'esplanade face au Château et c'est un évènement hors normes et énorme. Anne Caro témoigne sur le site de l'Intern@ute :

    90 000 personnes sous une pluie torrentielle en plein mois de Juin ! Chris de Burgh en première partie a voulu nous chanter "It raining again"... Il s'est fait siffler, bien sûr ! On voulait l'original qui nous a fait frissonner pendant 3 heures, après plus de 8 heures d'attente ! J'avais 17 ans, plein de copains avec moi et c'est l'un de mes plus beaux souvenirs de jeunesse

     

    Supertramp devient mythique

    Qui garde les gosses ?

    Les deux compositeurs passent un accord verbal : Richard Davies garde la "franchise" Supertramp (si j'ose dire) mais, bien que les deux hommes soient crédités sur les albums, en contrepartie il s'engage à ne pas reprendre les titres écrits par Roger Hudgson.

    Désormais seul à la tête du groupe, les albums qui suivront sortent dans une quasi indifférence. Ils ne sont pas mauvais musicalement et techniquement parlant mais pour les fans, ce n'est plus vraiment Supertramp, d'autant que le line up a changé.
    Même si la formation des grands jours se retrouve (mais sans Hudgson) pour sortir l'album Slow Motion en 2002, ce n'est plus pareil.

    Un public fidèle mais nostalgique

    Lors des tournées entre 2010 et 2013 (pour les 40 ans du groupe), le public répond toujours présent mais il veut retrouver la magie du Supertramp des 70's.
    Impossible donc pour Davies de respecter l'accord pris avec Hudgson qui a composé les plus grands succès de Supertramp et il les reprendra en live.

    Ces mêmes succès collent à la peau de leur auteur dont la carrière solo est un flop mais qui retrouve les instants de grâce dès qu'il les interprète en live.

    Plus de 60 millions d'albums vendus, des titres qui restent dans la mémoire et qui reviennent en tête au détour de pubs ou de films, le son Supertramp n'est pas près de s'éteindre !

           

     

     

     
     
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  • Commentaires

    1
    Vendredi 17 Juin 2022 à 08:07

    Wouaaaah : quelle aventure musicale ! ♫♪♪ Dreamer you know you are a dreamer ♫♪♫ Merci parce que je n'avais pas idée de leur(s) histoire(s) groupir. (article d'ailleurs excellemment titré :)

    ça alors le premier concert à une seule place vendue ! Faut-il avoir foi en une étincelle ! (et c'est tant mieux)
    Je me demande si ça se fait  encore aujourd'hui ? sûrement des paris  investissements parce qu'on est sûr que, un jour... Mais entre hier et aujourd'hui, une même histoire n'aura pas la même saveur je trouve ;)

    Lol (ou pas) : la couve de l'album Breakfast in America et son interprétation de ouf... Tu vas rire : j'ai bien regardé l'image et je me suis dit "il est où le 911 ?"   à un moment donné j'ai compris. Sérieusement : tu "vois" 911 toi ? moi non.

    Comme tu dis : et paf, au fur et à mesure plein de morceaux me reviennent en tête ! 
    "Supertramp" ?
    supers souvenirs :))

     

      • Vendredi 17 Juin 2022 à 09:19

        Ha ! Ha ! Ha ! Ha !

        J'avoue que sur le titre de l'article je me suis fait plaisir, mais bon, le jeu de mots était facile.

        Pour jouer, il y a une deuxième référence pour les cinéphiles (dans les sous-titres). Tu l'as trouvée ?

        Pour ce qui est de l'attitude des labels, comme tu l'écris, on est dans "l'investissement" et non pas dans l'accompagnement... sauf si on est sûr que ça rapporte.
        Quand j'ai chroniqué le dernier album de Gérard Lenorman, qui est loin d'être un perdreau de l'année et qui a fait ses preuves, j'ai été scotchée en apprenant qu'aucune maison de disque n'a voulu le produire !!!

        En cela l'attitude d'A&M Records Londres est, même pour l'époque, assez exceptionnelle et je pense qu'ils devaient avoir sacrément foi dans le talent des deux hommes !
        Ce fut un pari risqué mais quel jackpot au final, y compris sur les rééditions !

        Oui, on le voit le 9 11 sur la partie droite de l'illustration... encore faut-il avoir l'esprit assez tordu pour regarder ses pochettes de disques dans un miroir... c'est bien connu, tout le monde fait ça ! he

         

      • Vendredi 17 Juin 2022 à 10:07

        yep : la belle... (j'ai bon ?)

        Lenorman faudra que j'aille voir (il y a encore tant de tes pages que je n'ai pas lues !) 

        Voui, comme j'ai dit : "à un moment donné j'ai compris" = j'ai fini par le "voir" le 911 sur l'image de droite. Sauf que je ne le "vois" pas vraiment, je le devine. D'où ma phrase avé les guillemets : tu "vois" 911 toi ? moi non. Même avé le miroir ( ! riorim uaeb nom)  je ne vois pas 911, je ne peux que deviner un éventuel 911... très capillotracté ;) 

         

    2
    Vendredi 17 Juin 2022 à 09:45

    Salut,



    toujours bien aimé, j'ai leur 33 tours "Breakfast in America"

    et quelques autres en cd et un best of

     

    merci de cette piqure de rappel musicale et qui n'a aucun effet secondaire, celle ci

    hi hi hi

     

     




    Voici le vendredi venu
    Mon passage chez vous, les amis
    Je viens ici et je vous souhaite
    Un weekend agreable, beau et bon

    Que le temps soit de belle saison
    Pour tous, des journées parfaites
    De soleil mais aussi d'ombre là et ici
    Pour eviter trop ces chaleurs apparues

      • Vendredi 17 Juin 2022 à 10:13

        Ce n'est pas tant une "piqûre de rappel" qu'une biographie que j'ai voulue aussi complète et exacte que possible pour comprendre leur évolution musicale ainsi que leur déclin.

        Bon WE à toi aussi... sous le soleil exactement

    3
    Vendredi 17 Juin 2022 à 10:26

    Oui ma Pipiou, il y a bien "La Belle et le Clochard" mais il y a aussi un clin d'œil à Hitchcock avec "Le Crime était presque parfait" (avec l'inexpressive et fadasse Grace Kelly).
    En fait, je suis une onaniste du rire ! Petit plaisir égoïste ;)

    Desproges ! Sors de ce corps !

    Il y a les pragmatiques et les cartésiens et il y a ceux qui recherchent de quoi nourrir et/ou justifier leur paranoïa. Même si les temps ont changé, il leur faut toujours des pythonisses capables de voir une pandémie de gastro dans des tripes de poulet !

     

    4
    Vendredi 17 Juin 2022 à 10:50

    Bonjour ma chère Pixelie,

    Un bon article que tu as consacré à Supertramp. Je me souviens de certains titres, leurs voix sont reconnaissables dès le début. Pas fan mais bon ça passe bien.

    Le titre m'a fait sourire, quel jeu de mot lol

     

    Bonne journée et agréable week-end ma petite Pixelie.

    Gros bisous

    Florence

      • Vendredi 17 Juin 2022 à 11:28

        Qu'on le veuille ou pas, certains titres restent inoubliables tant on nous les a martelés à longueur d'antenne !

        A noter quand même qu'ils ont inspiré des groupes de metal prog avec leurs sonorités novatrices pour les 70s.

        Ben hé ! Après des jours de recherches sérieuses à comparer les données de près de 25 sites, autant me marrer un peu ! Nan mais...

        Bon WE... à l'ombre.

    5
    Dimanche 19 Juin 2022 à 08:11

    Je trouve cela très bien ces retours en grâce de ces artistes... il y en a : ce sont grâce à des pubs, d'autres grâce au fait qu'on entend les titres dans les séries ou dans un film. Pas plus tard qu'hier (et cette info passait au JT de la RTBF), que c'était le grand retour de Kate Bush dans le Hit Parade britannique avec "Running Up That Hill" grâce à la série "Stranger Things", une chanson vieille de 37 ans pourtant !

    6
    Vendredi 15 Juillet 2022 à 05:11

    Bonsoir Pixelle,

    Emouvant d'entendre à nouveau ces titres.  "Oh Lord is it mine" - "long way home" qui nous racontent des histoires avec une musique qui fait plutôt penser à l'Amérique bien qu'ils soient britaniques.

    "Fools ouverture" on se croirait dans un film ! Super souvenirs et biographie intéressante.

    Bonne nuit d'été et de pleine lune !!! Bises

     

      • Vendredi 15 Juillet 2022 à 10:10

        Bonjour Soumeya

        J'ai ressenti la même chose en rédigeant cet article : une grosse bouffée de nostalgie et une image effectivement très teintée US.

        Je crois que pour ma génération, Supertramp a vraiment été un phénomène musical !

        Je redoute les nuits de pleine lune, non par superstition mais parce que mes 4 chats passent en mode hyper actif et destructeur !

        Bisous

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