• Ray Charles, the Genius

    Ray Charles, un génieIl aurait eu quatre-vingt dix ans le 23 septembre dernier mais son nom continue de briller au firmament musical.
    Ray Charles est devenu une légende.

    A mon arrivée en France, mon père posa un 45 tours sur son électrophone et entreprit de m'apprendre le twist sur le grand tube de Ray Charles : What'd I Say.
    Puis ce fut la découverte de Hit the road Jack et Unchain my heart, trois tubes incontournables de son répertoire.

    Mais limiter Ray Charles à ces trois seuls titres serait un affront à son immense talent.

    Il lui fut longtemps reproché d'avoir fait sortir le gospel des lieux sacrés pour le faire écouter à tous. Il a également su s'approprier différents styles musicaux, rock, jazz, blues, country pour les conjuguer et donner naissance à la musique soul.

    Rencontre avec l'homme aux lunettes noires et au sourire carnassier.

     

    Ray Charles, un génie

     

     

    Jeunesse noire sous le soleil de Floride

    Ray Charles Robinson voit le jour dans une famille pauvre le 23 septembre 1930, dans le comté d'Albany en Géorgie, un des états les plus racistes des États Unis à l'époque.
    Ça commence mal et son enfance sera en dents de scie, avec plus de bas que de hauts. Comme si ça ne suffisait pas, à l'âge de quatre ans il contracte un glaucome qui lui fera perdre complètement la vue à sept ans.
    Sa mère s'est installée à Greenville en Floride (le père est trop occupé à courir le jupon) où le jeune Ray Charles vit un autre drame qui le traumatisera : son frère cadet se noie accidentellement dans une lessiveuse en sa présence et il est impuissant.

    Aretha Robinson veut que son fils réussisse et l'inscrit à l'institution pour sourds et aveugles de Saint Augustine. De 1937 à 1945 il étudiera le braille, la composition et l'orchestration mais également plusieurs instruments (piano, trompette, orgue, saxo...) et montre un vrai talent dans tous ces instruments. Aussi passionné de Chopin que de Art Tatum (musicien de jazz), le jeune Ray sait ce qu'il veut : apprendre le jazz.
    Mais le drame frappe encore : il a quinze ans quand il perd sa mère. Il sera hébergé quelques temps par une amie de sa mère à Jacksonville. Puis ce sera Tempa, toujours en Floride où il sera pianiste, seul noir, dans un groupe local. Il jouera dans des clubs locaux, gagnant tout juste de quoi survivre. Mais la Floride est trop marqué par son histoire personnelle. Il réunit ses maigres économies pour traverser le pays et s'installe à Seattle (état de Washington) où il écume les clubs avec sa propre formation, le Maxim Trio.

    Révélation d'un génie

    1949 marque les tous débuts de sa carrière.
    Ils enregistrent une douzaine de 78 t et, fait exceptionnel pour des musiciens noirs, ils bénéficient d'une émission de télé régulière.
    Ray Charles au saxoC'est à cette période que Ray Charles rencontre un certain Quincy Jones avec qui il se lie d'amitié et à qui il apprend à composer des mélodies.
    Baby, Let Me Hold Your Hand, enregistré sous son nom, en 1951 est leur premier succès qui se classera dans les charts R&B.
    Le début des années 50 marque un tournant pour Ray Charles. Il va peaufiner et développer son style propre, s'éloignant de plus en plus de ses modèles pour créer un style qu'il veut plus populaire. Mais c'est aussi la période où Ray Charles met le nez dans la drogue, d'abord la marijuana puis l'héroïne.
    Il s'installe à la Nouvelle-Orleans. Il n'est encore engagé que comme pianiste  et comme tel il fait la connaissance de divers artistes au contact desquels il continue son exploration musicale. Il décide d'abandonner son nom de famille, Robinson, pour éviter toute confusion avec le boxeur Ray Sugar Robinson.

    Rendez-vous avec le succès

    En 1952 deux jeunes frères immigrés turcs, Ahmet et Nesuhi Ertegun, qui ont fondé le label Atlantic Records, rachètent le contrat qui lie Ray Charles au label Swingtime. Conscients du talent du jeune homme, ils lui laissent la liberté de composition.  En 1952/53 sortent  Roll With Me Baby  (juin 52), The Sun’s Gonna Shine Again, Mess Around  (écrite par Ahmet Ertegun) et Heartbreaker.

    1954. Ray Charles compose I got a woman qui va se démarquer des standards de l'époque en mettant le piano en avant alors que la guitare régnait en maîtresse. Interactivité entre le chant et les instruments, saxo percutant en font un morceau qui touche le public. Ray Charles s'affranchit des codes en mêlant le son sacré du gospel et des paroles nettement plus licencieuses. Ce morceau restera longtemps un des incontournables de ses concerts.
    Il s'attire les foudres de ses pairs par ce mélange des genres mais Ray Charles s'en moque royalement et confirme avec des titres tels que Lonely Avenue ou I had a dream qui n'a rien à voir avec le rêve du pasteur King.

    Ray Charles, the GeniusEn concert à Milwaukee, Ray Charles improvise une petite phrase musicale qu'il répète quasiment en boucle. Cette petite phrase rythmique, il va la peaufiner, la développer sur 6 minutes pour sortir le formidable What'd I say en 1959.
    La fusée Ray Charles est mise en orbite car ce titre va l'imposer auprès du public blanc, à l'époque fan de rock'n roll.
    Désormais à l'étroit chez Atlantic Records, il signe avec ABC Paramount qui lui permet un succès "inter racial".

    De Ray Charles à The Genius

    ABC Paramount lui garantissant à la fois la totale liberté artistique et une passerelle vers le public blanc, Ray Charles se lâche. Soutenu par la logistique du label, il est à l'apogée de son art et en 1960 Georgia on my mind l'impose définitivement auprès du public blanc américain moyen et il est en tête des classements généralistes. Suivent Unchain my heart, Hit the road Jack. Franck Sinatra soi-même le surnomme "The Genius" !

    Ray Charles avec Hallyday en 1962Ça roule pour lui puisque en 1963 il crée sa propre maison de prod.
    Il est devenu une super star internationale et triomphe sur les scènes du monde entier.
    Mais toute médaille a son revers.
    Alors qu'il est le premier chanteur noir à avoir su vraiment conquérir un vaste public blanc et avoir mis le son "noir" à sa portée, les noirs le considèrent pratiquement comme un traître en dépit de sa prise de position dans les années 50 lors d'un concert prévu à Atlanta, capitale de son état natal. Apprenant que la salle est interdite aux noirs, il refuse de jouer, mettant sa carrière à peine naissante en péril.
    NOTA : En 1974 l'état de Géorgie lui présentera officiellement des excuses et fera de Georgia on my mind son hymne officiel.

    La rançon de la gloire

    C'est aussi la période où il paie cher sa dépendance à la drogue. Sa santé est menacée par son addiction à l'héroïne et en 1964 sa dernière arrestation, retentissante, lui sauvera probablement la vie, l'obligeant au sevrage et en le condamnant à six ans de probation.
    Malgré les sorties de Yesterday et Eleanor Rigby (1968) des Beatles, il se fait plus rare et tombe presque dans l'oubli du public. Un oubli relatif car ce retour plus orienté vers la pop le confirme aux yeux du Gotha.

    Si les années 70 et 80 ne sont pas spécialement marquées par des sorties d'albums, Ray Charles est toujours là. On le voit dans le film des Blues Brothers, mais également dans des pubs. Il milite pour les Droits Civils et s'associe à des concerts caritatifs. Il collabore et enchaînent des duos avec d'autres artistes (tels INXS) et quand il se produit sur scène, son public répond présent (on le verra au Printemps de Bourges en 1987, où il rencontre Serge Gainsbourg).

    Faut-il y voir un signe ? Début 2004 il est consultant sur le biopic qui lui est consacré, "Ray" auprès de l'acteur Jamie Foxx qui l'incarnera.
    Il reste The Genius jusqu'à sa mort le 10 juin 2004, et bien au-delà.

    Pour la petite histoire : amateur de femmes (comme papa !), il aura 12 enfants avec 10 femmes mais contrairement à son père, il sera toujours là pour eux, financièrement en tout cas.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 16 Octobre 2020 à 09:06

    Bonjour ma petite Pixelie,

    Voilà un bel article que tu as rédigé sur ce grand artiste, j'adore te lire ! 

    Il a marqué la musique par sa présence et ses chansons, tu as choisi une super playlist.

    J'ai vu à la télévision le film "Ray" et j'ai bien aimé, Jamie Foxx est convaincant dans son rôle.

    Passes une bonne journée et un agréable week-end ma douce amie

    Gros bisous smile

    Florence

    2
    Vendredi 16 Octobre 2020 à 10:08

    Salut

    pas un fan absolu de l'artiste mais j'aime bien certains titres

    merci de cette selection pour s'en regaler les oreilles avec de beaux et bons morceaux

     

     

    bon et beau weekend


    soleil dans toute la France, c'est annoncé

    ces jours ci seront donc bien ensoleillés,

    on va en profiter de cet automne frais

    beau entre deux pluies tombées




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    3
    Dimanche 18 Octobre 2020 à 18:49

    Coucou Pixelie, 

    Woww quel bel Article pour un grand homme, j'adore, il chantait super bien avec de jolies chansons que j'écoute encore :) 

    Je te remercie pour tes commentaires c'est gentil, oh tu sais moi aussi je ne suis pas venue souvent avec tout ce que j'avais à faire, là ça se calme un peu... J'ai pris note pour la couleur de mes écrits, alors j'ai fait en plus gros, en caractères gras et c'est vrai que l'on voit mieux ça fait même plus  joli, donc je te remercie :)

    Je vais bien merci et j'espère que toi aussi ? 

    Je te souhaite une bonne soirée, bisous 

    Stéphanie.

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