Fernandel c'est une gueule.

Pas une belle gueule de jeune premier mais une "gueule de cheval" comme il le disait lui-même. Cette gueule qu'il évoque dans sa chanson Les gens riaient fut son atout, sauf dans les enterrements. Lors d'une interview télévisée il avouait qu'il devait parfois renoncer à se rendre à certaines funérailles car bien involontairement, il faisait rire.

C'est un accent marseillais, en pointe d'ail, une faconde qu'il a promené de film en film, sous François 1er jusqu'à la Deuxième Guerre en compagnie de Marguerite.
C'est un talent de comédien tel que même dans des navets, il donnait du goût à la soupe.
Pour les Français, tous ces atouts, ajoutés à la personnalité du bonhomme, en font un des artistes préférés des Français.

Mais on oublie souvent qu'il fit ses premières armes au music-hall.

Fernand Contandin nait le 8 mai 1903 à Marseille.

Les parents de Fernand font du music-hall en amateur et papa emmène souvent fiston dans les coulisses. Les parents devinent le talent du petit Fernand et c'est son père qui le pousse, littéralement, sur scène lors d'un concours pour jeunes chanteurs.  Son ami d'enfance (et futur acteur) Andrex raconte "Fernandel, qui n'était alors que Fernand, fit ses débuts sur scène à cinq ans en chantant le répertoire militaire avec son frère aîné, Marcel. Il connut son premier grand succès à sept ans, un jour où, paralysé par le trac, il fut propulsé sur la scène par son père, d'un grand coup de pied au derrière ; il s'empêtra dans son sabre et s'étala de tout son long sous une tempête de rires. Par la suite, il n'eut plus jamais peur d'affronter le public". (source Wikipédia)

Fernand affronte le terrible public de l'Alcazar de Marseille, avec succès, fait des tours de chants sur des petites scènes locales mais en dilettante, entre deux petits boulots car il ne brille pas par sa stabilité. Mais c'est à l'Odéon que débutera vraiment sa carrière de chanteur : remarqué par Jean Faraud, directeur de la Paramount pour la France, il signe son premier contrat.

Entre temps il rencontre Henriette. Entre ces deux-là commence une histoire d'amour qui ne connaîtra pas d'accroc. Pendant le temps où le jeune Fernand courtise Henriette, la mère de celle-ci en le voyant arriver tout empressé du haut de la rue, s'écriait de son balcon, à la cantonade :"Té ! voilà le Fernand d'elle !". Fernand a trouvé son nom d'artiste. Il épouse Henriette le 4 avril 1925.

C'est donc sous ce nom de scène qu'il fait sa première vraie tournée qui le mènera à Paris, à Bobino. Lors d'une prestation au Concert Mayol où il joue des sketches entre deux revues déshabillées, il est repéré par le directeur du théâtre de l'Empire qui l'engage. Un soir le réalisateur Marc Allégret (qui sera l'époux de Simone Signoret) le remarque et lui donne son premier rôle au cinéma.

La suite on la connait : Fernandel devient un des plus grands acteurs français.
Il n'abandonne pas la chanson pour autant et laissera des tubes dont l'inusable Félicie aussi.
Sa notoriété est telle que le général de Gaulle dira que Fernandel est le seul Français qui soit plus célèbre que lui dans le monde.

En juillet 1970, Fernandel qui doit tourner le dernier volet des Don Camillo (Don Camillo et les contestataires) ne se sent pas bien. Il a un cancer qui a métastasé mais tout le monde, y compris les médecins, lui cacheront la vérité. Les media qui ont remarqué l'état d'épuisement de l'acteur en font leur une et Henriette veillera jusqu'au bout à ce qu'il ne tombe pas sur ces parutions.
Il s'éteint le 26 février 1971... non sans avoir mangé une bonne bouillabaisse au déjeuner.

Il laisse un répertoire fourni, parmi lequel j'ai eu bien du mal à faire un choix...