Vous vous rappelez, vous, ce que vous faisiez il y a environ 30 ans ?
Ben moi, si  !
Le samedi soir je confiais mes p'tits monstres à tata Bertille et roule ma poule, direction la discothèque avec les copains pour faire un peu d'exercice. Et c'était hyper efficace !

Hallelujah ! Et 3,5 kilos de moins !
Merci Dr Alban ! Je reviendrai !

Mais si !... Dr Alban, voyons !

Un grand black habillé de plastic bleu avec un drôle de petit palmier de tresses sur le crâne !
M'enfin... Dr Alban... Hallelujah...

Bon, vu comme ça... il est loin d'évoquer l'insouciance de la jeunesse et pourtant, pour beaucoup d'entre-nous c'est ce qu'il est resté.

Retour sur une carrière injustement mésestimée.

Un Africain à Stockolm

Une jeunesse studieuse

Alban Nwapa voit le jour le 26 aout 1957 à Enugu au Nigéria.

Ce fils de dentiste passe une jeunesse tranquille entre sa famille et ses neuf frères et sœurs et le collège Christ The King (le Christ Roi) d'où il ressortira avec une solide éducation et une foi qui s'exprimera plus tard dans ses chansons.

Le jeune Alban a deux idoles : Fela Kuti et James Brown.

L'influence de Fela Kuti ?

Peu connu sous nos latitudes, au Nigeria et pour la jeunesse progressiste à travers toute l'Afrique, Fela Kuti (né au Nigeria en 1938 et décédé en 1997) est presque une légende !

En tant qu'artiste tout d'abord puisque Fela Kuti est un novateur : multiinstrumentiste, il ramène de son séjour à Londres et d'une tournée aux USA des influences musicales qui vont imprégner sa musique au point qu'il donne naissance à un nouveau genre qu'il baptise lui-même l'afrobeat, mélange de jazz, de funk qui se mêlent aux mélodies traditionnelles, aux percussions nigérianes et au style vocal traditionnel.

Fela Kuti n'en ramène pas que ça !
Il en ramène des idées qui défriseront la junte militaire nigérienne pour qui est l'homme à abattre, au moins moralement.
Inspiré par Martin Luther King et Malcom X (Black Panthers), Fela Kuti s'oppose à la dictature, à la corruption entretenue par les multinationales étrangères et dénonce la misère. Son engagement politique en fait un héros du peuple.

Le jeune Alban baigne dans ce bouillonnement musical et politique et même s'il ne se pose pas en militant, on retrouvera dans les paroles du futur Dr Alban des engagements marqués, religieux, environnementaux mais aussi politiques soft comme dans son nouveau duo avec Whitney Peyton.

Alban, de DJ à docteur Alban.

Alban choisit de devenir dentiste comme papa et à 23 ans il émigre en Suède pour poursuivre ses études. Mais les études ça coûte cher !

Pour financer ses études de chirurgien-dentiste, il est engagé comme DJ dans un des grands clubs de Stockholm, l'Alphabet Street.
Petit à petit, il se laisse prendre par la musique qu'il mixe sur ses platines et se met d'abord à fredonner puis carrément à chanter dessus.

Tandis qu'il se taille une réputation à l'Alphabet Street, il termine ses études et devient chirurgien-dentiste, mais il n'en abandonne pas pour autant ses platines qu'il retrouve le week-end par goût mais aussi pour arrondir les fins de mois car il vient d'ouvrir son cabinet dentaire.

La carrière musicale du docteur Alban

C'est en 1990 que la carrière d'Alban Nwapa va basculer.

Une carrière solo

Il est remarqué par Denniz Pop du studio SweMix. Lui même DJ, compositeur et  parolier, le musicien suédois l'encourage à enregistrer un single.
Avec Leila K, suédo-marocaine et reine du rap suédois, et Denniz Pop à la réalisation, Alban Nwapa sort Hello Africa, hymne d'amour à son pays d'origine..

Ce titre se taille un vrai succès à travers le monde et le DJ dentiste voit s'ouvrir une nouvelle carrière mais il lui faut un pseudo.
Chirurgien-dentiste la semaine, DJ le week-end... il choisit Dr Alban qui fait le lien entre ses deux activités, le titre de docteur n'étant donc nullement usurpé.

Dr Alban enregistre son premier album, Hello Africa, en 1991 et il s'en écoule 1 million d'exemplaires à travers le monde.

1992 l'album de la consécration

Cette année là, DJ Alban sort un nouvel album, One Love dont est extrait un premier single : It's my Life.
Le single s'écoule à 1,6 million d'exemplaires et cartonne partout dans les charts européens mais également en Israël. Ce titre sera souvent repris dans des pubs.

Deux autres singles vont à leur tour s'installer dans les charts européens, Sing Hallelujah et One Love.
Sing Hallelujah cartonne en France et fait danser dans les discothèques.

L'album One Love se vendra à plus d'1,7 millions exemplaires et installe définitivement Dr Alban dans la cour des grands de l'eurodance.

En France, on a un peu tendance à penser que la carrière du bon Dr Alban à commencé et s'est arrêtée là mais c'est une erreur de le croire.
En 1994 sort l'album Look Who's Talking et en 1996 c'est l'album Born in Africa.
Entre les deux, en 1995, il enregistre une chanson coup-de-poing dont n'aurait pas rougit son idole Fela Kuti et qui dénonce le génocide au Rwanda : This Time I'm Free.

Aux beats de l'eurodance Dr Alban mêle des sonorités hip hop, funk ou encore reggae. La recette est bonne puisqu'au total il vendra plus de 5 millions d'albums, 6 millions de singles et raflera 30 disques de platine et autant de disques d'or, certifiés.

Dr Alban toujours très demandé

Peu avant la sortie de Born in Africa, Dr Alban a créé son propre label, Dr Records.

Si on l'entend peu sur les ondes françaises, il n'en poursuit pas moins sa carrière musicale en multipliant les collaborations avec d'autres DJs et artistes, tels que Sash! ou Anthony B et Tony Rebel. pour ne citer qu'eux.

En 2002 il s'associe avec DJ Alligator sur le duo I like to move it.
En 2004, Dr Alban sort l'album Back to Basics.
En 2008/2009 c'est avec Haddaway (What is love ?) qu'il collabore. Les deux hommes sortiront un single hommage où ils évoquent les titres qui firent les beaux jours de l'eurodance des 90's.

En avril dernier, il est toujours sur le pont avec un nouveau single Change (I have a Dream), avec Withney Peyton. En ces temps troubles, il nous rappelle que nous ne sommes qu'un et que nous devons faire entendre nos voix pour changer le monde et le rendre plus libre, en commençant par citer Martin Luther King.

Mais pour nous, il reste celui qui a enflammé nos soirées des années 90 et qu'on retrouve avec un poil de nostalgie.
C'est vrai qu'elle est bonne la potion du Dr Alban ! Même si elle n'est pas remboursée par la Sécu !